mardi 31 mars 2009

Taabo- souvenirs d' Afrique

Mes recherches sur mon passé ivoirien m'ont amené à faire une recherche sur Google sur le mot clé Taabo.

Quelques mots d'histoire personnelle sur ce village. Mon père, Charles Dahon, fut engagé en 1976 par l'entreprise Borie de participer à la construction de ce barrage hydro-électrique.

Les travaux ont duré deux ans. Je l'ai suivi avec ma mère et nous nous sommes donc installés à Taabo-Cité pendant deux ans, avec des allers-retours fréquents sur Abidjan.

Pour un enfant de 6 ans, c'était une expérience remarquable et qui m'a profondément marqué. Je me souviens que ma mère a eu du mal a supporter au début la vie dans cet oasis européanisé certes, mais perdu au beau milieu de la forêt équatoriale ivoirienne. Cette forêt, impénétrable, montrait l'emprise de la nature sur l'homme. Petit à petit, Taabo-Cité prenait forme alors qu'arrivaient les premiers expatriés. Un jour, en allant faire les courses, ma mère s'est retrouvée embourbée jusqu'à la taille suite à une pluie diluvienne. La proximité de la forêt faisait surgir dans les maisons des expatriés toutes sortes d'animaux sympathiques, comme les vipères cornues. Certains enfants étaient moins résistant que d'autres et j'ai ce souvenir de sirènes hurlantes qui annonçaient le décès du petit frère d'un de mes camarades. Une école avait été construite à proximité de mon domicile. Les conditions de travail pour les expatriés était difficiles. Les engins de chantiers, ces énormes Terex et autres Scrapers, ont causé la mort de plusieurs collègues de mon père. Enfant, j'étais conscient des drames qui se déroulaient autour de moi mais ils ne m'ont pas empêché de vivre ma vie d'enfant dans ce cadre privilégié. Après l'école, c'était piscine presque tous le jours au club sportif, avec croque-monsieur et comme boisson l'équivalent ivoirien de notre Orangina, le Judor, avec sa bouteille si caractéristique.

Il y avait aussi une coopérative où Maman allait faire ses courses, et au passage elle m'achetait une copie du journal de Mickey ou de Pif Gadget selon l'arrivage. Je me souviens de tenir en main l'exemplaire de ce journal avec l'ocarina, ce gadget musical étrange en forme d'harmonica. Nous devions être à l'époque en 1977. Autre distraction pour expatriés: le cinéma en plein air. C'est là où j'ai vu pour la première fois les Dents de la Mer à 7 ans. Une expérience traumatisante mais hautement désirée qui reste encore aujourd'hui sujet de douces moqueries lors de réunion familiales et de controverses quand à mon âge réel lors de ma vision sur grand écran du premier blockbuster de Spielberg. Le mélange d'excitation (voir un film interdit aux moins de 13 ans) et de peur réelle me faisait aller aux toilettes toutes les 10 minutes. Mes petits copains étaient tout aussi effrayés que moi. La suite au prochain épisode...