mardi 24 juin 2008

PORTISHEAD - Third


Il a fallu dix ans à Portishead pour trouver un successeur à leur deuxième album. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la formation de Bristol n’a pas choisi la solution de facilité, laissant de côté certains effets qui faisaient ce fameux son de Bristol qui avait révolutionné notre regard sur une pop plutôt convalescente au début des années 90 : les scratches ont donc laissé la place à une écriture musicale très radicale, comme si le trio avait voulu surprendre ses fans de la première heure.


L’album s’ouvre sur le saisissant « Silence » qui démarre sur une voix samplée brésilienne, celle d’un maître de la capoeira de Bristol, Claudio Campos : « Soyez attentif la règle de trois. Tout ce que vous donnez vous l’aurez en retour. Telle est la leçon que vous devez apprendre. On ne reçoit que ce que l’on mérite » suivi par une rythmique de percussions tribales sur fond de guitare saturée le tout tissant une sorte de bande-son d’un rêve qui nous ferait parcourir des rives amazoniennes. « Hunter » suit comme un rappel du son du Portishead d’antan que viennent brouiller des guitares distordues et des effets électroniques plutôt inquiétants. « Nylon Smile » reste dans cette atmosphère onirico-tribale, où la voix de Beth Gibbons semble enfermée dans un carcan cauchemardesque. « The Rip » débute sur des arpèges de guitare acoustique qui tissent un climat plutôt reposant mais, en milieu de morceau, les synthés reprennent progressivement le dessus et donnent à l’ensemble une teinte kraftwerkienne. « Plastic » nous enfonce encore un peu plus l’oreiller sur la tête dans un climat de plus en plus oppressant où apparaissent des effets hallucinants tels ces échos de pales d’hélicoptères et ce roulement de batterie qui s’interrompt brutalement. « We carry on » perpétue cette angoisse sonore renforcée par une guitare digne de Sonic Youth, à moins qu’il ne s’agisse de Joy Division, à qui Portishead veut peut être rendre hommage. « Deep Water » est une balade au ukulélé plutôt optimiste.A l’approche du dernier tiers de l’album apparaît « Machine Gun » choisi comme single mais qui est loin d’être formaté comme un tube radio, avec sa rythmique indus aussi destructrice que des balles. « Small » nous replonge dans une atmosphère psychédélique avec une orgue qui rappelle Deep Purple ou les Doors. « Magic Doors » s’ouvre sur une rythmique de batterie syncopée, sur un fond de vieille à roue et un piano qui vient asséner des accords implacables. Enfin « Threads » clôt l’album de manière douloureuse.


Pour conclure, nous sommes un peu déçus de voir Portishead prendre un virage aussi radical dans la déprime. Mais cet album met les pendules à l’heure : Portishead joue musicalement dans la cour des grands, laissant loin derrière lui la cohorte de nouveaux venus sur la scène musicale rock dont la notoriété ne dépasse pas souvent le stade du premier album.

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